Posté par RS2ni
(IP enregistrée), le 06/01/12 23:00:39
Deux semaines avant de prendre le départ de son 18è rallye Monte-Carlo (première manche de la saison 2012 de WRC) avec Ford, le vainqueur de l’édition 1994, François Delecour, a répondu aux questions d’AutoMoto365.
Pourquoi faire le Monte-Carlo cette année encore ?
C’est un peu la suite de ce qui s’est passé l’année dernière, où j’ai été relativement compétitif. C’est toujours une énigme de savoir où on en est, et quand on approche la cinquantaine comme moi, on est un peu catalogué comme fini pour cette seule et simple raison. Ça ne veut rien dire, en fait. Je pense qu’effectivement, beaucoup de mes collègues du passé n’ont peut-être plus envie d’aller au combat. Moi, sincèrement, c’est quelque chose qui me manquait, qui me manque énormément. De plus, je me sens en pleine forme tellement je fais de sport ; je fais 200 à 250 kilomètres à vélo par semaine, je suis dessus tous les après-midi. Ça me permet de rester au top. Le fait d’avoir couru quelques épreuves l’année dernière, en Roumanie notamment, m’a montré que j’aimais toujours ça.
Pourquoi avoir choisi Ford ?
C’est moi qui ai contacté Malcolm Wilson, que je n’ai jamais vraiment perdu de vue [ndlr : François,Delecour a déjà couru pour Ford via M-Sport, la société de l’Anglais, en 2001], notamment parce que sa femme, Helen, et la mienne, Priscille, sont proches. C’est venu tout doucement, comme ça. Il m’a dit : si tu me ramènes un petit budget, c’est OK. Puis nous nous sommes vus au Rallye du Var, en novembre, et sommes tombés d’accord. Le comble, c’est que je me suis retrouvé dans une situation un peu délicate, que ne ne pensais pas connaître à mon âge, parce que quand Ford et moi avons annoncé que nous ferions le Monte-Carlo ensemble, David Richards lui-même est venu me voir pour me proposer la deuxième Mini officielle aux côtés de Dani Sordo ! Je n’en revenais pas. Ça me séduisait énormément, parce que j’aurais été nominé pour marquer des points constructeurs.
Situation délicate, en effet, mais ô combien agréable, non ?
Oui, mais il me fallait faire un choix. Et je l’ai fait il y a seulement deux jours [Ndlr : interview réalisée le 20 décembre]. D’ailleurs, vous êtes le premier média auquel j’en parle. J’ai choisi Ford par rapport à la performance de la voiture, qui me semble quand même plus élevée, même si je ne suis “que” troisième pilote. Je fais partie de M-Sport, je fais les reconnaissances avec eux, mais je ne suis pas nominé. Ça m’a quand même déchiré le cœur, mais je ne pouvais pas non plus faire un enfant dans le dos à Malcolm. Et puis, je ne vais pas faire la fine bouche ! Courir à ce niveau, avec des voitures pareilles, à 49 ans, ce n’est que du bonus. Je ne pensais pas que ce serait possible.
Avez-vous déjà piloté la voiture ?
Non, ce sera pour début janvier. Mais j’ai déjà eu un aperçu l’an dernier avec la Peugeot 207 S2000 au Monte-Carlo. Je dois dire que j’ai été scotché, bluffé par le châssis de ces voitures. Et je ne suis pas convaincu, loin de là , qu’une WRC de cette année soit meilleure dans ce domaine. En réalité, c’est à peu près la même chose en plus lourd. En revanche, c’est différent côté moteur, sans doute.
Je reviens à David Richards. Vous avez déjà déjà eu un rendez-vous manqué avec lui en 1995, n’est-ce pas ?
Oui, et même une autre fois ! Ça fait trois rendez-vous manqués. J’ai reçu une première offre de sa part en 1989, quand Prodrive alignait des BMW M3. J’étais allé le voir en Angleterre, je me souviens. J’étais jeune et j’avais été très impressionné ! Il était venu me chercher en hélicoptère à l’aéroport de Birmingham, m’avait fait visiter ses locaux... Puis il y a eu 1995, en effet, où j’aurais pu rejoindre Subaru mais j’avais préféré rester chez Ford. Et puis 2012, avec Mini. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de pilotes qui, dans leur carrière, ont dit trois fois non à David Richards ! [rire]
Qui sait, vous vous retrouverez peut-ĂŞtre un jour...
En tout cas, il a été très gentil quand je lui ai dit que j’allais chez Ford. Il m’a dit qu’il se ferait un plaisir de venir me saluer au Monte-Carlo... C’était très sympa de sa part. Sa proposition était vraiment intéressante. À la fin, il ne me demandait même plus de budget. Chez Ford,, j’amène un peu d’argent de mes sponsors roumains, l’office du tourisme de Roumanie et la ville de Bucarest.
Comment ces gens-lĂ en sont-ils venus Ă vous soutenir ?
Ça s’est fait par le biais d’un ami. Je vais courir là -bas de temps en temps. Cette année, j’ai même fait une course en Trophée Logan 100 chevaux... et je me suis régalé. Il y avait 25 Logan de série. Dans les montées, ça n’avançait pas, mais j’ai fait des spéciales magnifiques avec des descentes, tout le temps à l’attaque. Ça m’a rappelé le Trophée 205 GTi que j’ai gagné il y a bien longtemps. Cette fois aussi, j’ai gagné ! J’ai disputé aussi une sorte de rallye en ville avec la petite Clio R3, qui m’a énormément impressionné. Et il n’est pas impossible que je retourne courir là -bas bientôt, en S2000.
Y aura-t-il aussi d’autres participations en WRC, voire en IRC ?
C’est dans ce sens que j’ai vraiment été hésitant pour Mini, parce que je me disais que s’ils venaient me chercher, c’était qu’ils croyaient en moi et que je pourrais peut-être faire d’autres rallyes. Mais j’ai vraiment privilégié le côté performance, et c’est ce qui a fait pencher la balance en faveur de Ford. Si j’avais la possibilité, j’aimerais en faire quelques-uns. Mais je me vois mal, demain, être au départ des Mille Lacs [en Finlande] face à Loeb et à d’autres qui sont totalement dedans et affutés. Alors qu’au Monte-Carlo, je me retrouve sur un rallye que je connais bien et où je me sens à l’aise.
Ça reste votre préféré, celui qui signifie le plus pour vous ?
Déjà , c’est celui qui a le plus de portée à travers le monde. Gagner le Monte-Carlo, c’est comme gagner Le Mans ou Indianapolis en circuit. C’est prestigieux. C’est aussi une épreuve qui demande pas mal de qualités sur le plan du pilotage, de l’adaptation aux changements d’adhérence – c’est ça le plus difficile. Il faut trouver le bon rythme, le bon compromis. Je n’ai jamais abandonné sur sortie de route au Monte-Carlo, en 17 participations. Et en tout, je n’ai eu que deux abandons : quand les trois Peugeot 206 n’ont pas démarré à Gap en 2000, et pour une casse moteur en 1985, sur ma 205 rouge, dans la spéciale de Sisteron-Thoard. J’ai terminé 1er [en 1994], 2e [1991 et 1993], 3e, 4e... Il n’y a qu’avec la Mitsubishi, en 2002, que j’ai vraiment “subi” la voiture et me suis classé 7e je crois.
Le parcours de cette année vous satisfait-il ?
Il est assez bien, parce qu’assez étoffé. Il y a des grincements de dents, bien sûr, certains disent que ça coûte trop cher. Et c’est clair que c’est cher. Mais moi, je trouve ça chouette. J’aimerais un final un peu plus étoffé, je rêverais de retrouver des spéciales comme Sisteron-Thoard ou le Col de Bleine, plutôt que de faire tous les ans deux fois la boucle du Turini, mais bon... Sinon, j’aime bien ce format avec plus de spéciales. Il va se passer des choses, c’est sûr, surtout s’il y a de la neige.
Votre copilote est toujours Dominique Savignoni ?
Oui, on a des atomes crochus avec “Doumé”. Et avec l’âge, on n’a pas envie de changer nos habitudes. Je pourrais prendre un jeune qui soit à fond dans le truc, mais je privilégie la bonne relation qu’il y a entre nous. On se sent bien ensemble, on aime bien être à deux dans la voiture.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le WRC ?
Je ne me rends pas bien compte car je vois ça de l’extérieur, mais je pense que Sébastien Loeb lui a apporté une notoriété extraordinaire. Il est connu du grand public, et tout le monde entend parler du rallye grâce à lui. En même temps, il ne faudrait pas que sa domination dure encore trop longtemps, car elle pourrait se retourner contre la discipline. Quand on prend le Monte-Carlo de cette année, on a vraiment l’impression qu’il y a Citroën d’un côté, et ses adversaires qui sont dans un autre monde. Je connais bien les deux grosses équipes actuelles pour avoir couru chez Peugeot et Ford, et je vois bien le fossé qu’il y a en matière d’études, de développement, etc. C’est incomparable. En revanche, je pense que VW aura les moyens de Citroën. Ce sera une véritable implication d’un constructeur.
Quel sera votre objectif personnel pour ce Monte-Carlo ?
Je n’y vais pas pour faire de la figuration, ça c’est sûr. Je vais essayer de me rapprocher au maximum du top 5. Le point de référence, pour moi, ce sera Latvala. Quant à Solberg, je n’étais pas très loin de lui l'année dernière sur une 207 privée et qui n’était pas aussi évoluée que la sienne, alors...
Source: [http://rallye.automoto365.com]
RS2ni powaaaa...
"Lorsque je tire un frein Ă main, c'est du bonheur de sentir que les spectateurs sont Ă bloc".
Cédric Robert,Magazine Echappement n°520.
« J'ai un copain, il est pilote d'essai... enfin, il ne l'est pas encore… pour l'instant, il essaie d'être pilote ! »
Raymond Devos
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